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31 décembre 2021

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Lettre de Carole et Louis Fouché  


Tout d’abord chapeau bas ! 
A tous ceux qui ont réussi à transformer 
le coronavirus en crise sanitaire mondiale, 
en pandémie globale. 

Merci aux médias alarmistes, merci aux politiques dictatoriaux, 
merci aux scientifiques corrompus 
ou dogmatiques. 

Nous tenons par cet article à leur exprimer toute notre gratitude. 
Gratitude qui vient du mot « grâce ». 
Oui nous avons été touchés par la grâce, 
grâce à vous. 

Cette crise est une révélation, 
un dévoilement, une apocalypse. 
Et après l’apocalypse vient un autre monde. 
Nous ne reviendrons jamais au monde d’avant, 
n’en déplaise à ceux qui s’y accrochent encore. 

Depuis plusieurs années, 
nous sentions bien que plusieurs choses « clochaient » 
dans ce monde. 
Pris par la vie de tous les jours 
avec ce sentiment confus d’un « quelque chose » qui n’allait pas, 
nous errions sans vraiment comprendre, 
nous raccrochant à ce monde vicié pour éviter la douleur 
de s’en détacher. 

Heureusement,
le virus et son narratif burlesque 
envahissant la surface du globe est arrivé, 
nous arrachant nos œillères, 
nous laissant contempler le désastre. 

D’abord, nous avons essayé de comprendre. 
Et je peux vous le dire, nous n’avons jamais autant travaillé. 
Et je vais vous faire mal : nous sommes tous bénévoles ! 
Nous avons épluché tous les articles de sciences, 
toutes les informations, lois, décrets, ordonnances. 

Nous avons lu 
toutes les informations, celles des médias mainstream 
comme celles des « complotistes ». 

Nous avons appris à maîtriser internet, 
les réseaux sociaux, la communication, le graphisme, 
la communication nonviolente... 

Nous avons écrit, 
filmé, 
publié, 
coordonné, 
dessiné, 
chanté, 
dansé, 
créé des œuvres d’art. 
Nous nous levons aux aurores 
et nous couchons lorsque nos yeux se ferment. 

Vous vouliez nous appauvrir, vous nous avez tant enrichis : 
nos connaissances sont plus grandes, 
nous nous sommes découverts de nouveaux talents. 

Nous avons repoussé nos limites : 
plus que jamais nous sommes emplis d’espoir, 
de courage et d’allégresse. 

Vous vouliez notre mort 
mais nous nous sentons plus vivants 
et rayonnants que jamais. 

Vous vouliez nous désespérer, 
nous n’avons plus besoin d’espoir pour entreprendre. 

Grâce à vous, 
nous avons pu cerner ce que nous ne voulions pas. 

Nous ne voulons pas vivre masqués. 
Nous ne voulons pas vivre 
en nous méfiant les uns des autres. 
Nous ne voulons pas vivre dans la culpabilité hypothétique 
de « donner la mort » 
à nos proches en transmettant un virus. 
Nous ne voulons pas vivre vaccinés de force tous les mois 
pour tous les virus qui sont ou viendront. 
Nous ne voulons pas de passeport sanitaire, 
de reconnaissance faciale, 
nous ne voulons pas vivre fichés. 
Nous ne voulons pas être incarcérés dans nos domiciles.  

Vous vouliez nous séparer.
Vous nous avez rassemblés.  

Vous vouliez nous faire peur, 
nous sommes sortis de la caverne. 
Jouez tous seuls avec vos ombres. 

 Vous vouliez nous abrutir devant la télévision, 
nous l’avons éteinte et demain nous jetterons 
devant nos seuils tous vos biens de consommation 
à l’obsolescence programmée. 

 Vous vouliez nous imposer le passeport sanitaire, 
nous surveiller, nous reconnaître facialement, 
nous pucer peut-être ? 
Nous avons faim de liberté.  

Vous vouliez nous vendre des médicaments couteux 
à l’efficacité et à la sécurité douteuse ? 
Nous arpentons d’autres chemins de santé. 

 Vous vouliez nous imposer votre vision du monde, 
marchande et basée sur la dette éternelle, 
la dépossession intégrale, 
jusqu’à celle de nos propres vies ? 

Nous posons les premières pierres d’un autre monde 
enthousiasmant basé sur la gratitude, 
la joie et la présence à l’autre.  

Alors un immense merci à vous 
pour tous ces bienfaits. 

Carole et Louis Fouché
3 mai 2021   

https://www.youtube.com/watch?v=N9FA6_t5Zp4


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Notre collègue Véronique Boissin,
reconnue formatrice en Communication Nonviolente 
par Marshall Rosenberg dès 1997, 

vient de passer dans la lumière éternelle ce 2 février 2020. 
Voici le témoignage de Patrick Henderickx paru dans son deuxième livre, 
suivi de la photo de Véronique prise le 18 septembre 2010 
à la fête de fondation de l'ACNV-BF 
au château de Thomas d'Ansembourg à Assenois.

 

Véronique écoute Rocky 

       … A force de tourner en rond dans le salon en observant tous les objets qui s’y trouvent, je finis par m’asseoir par terre contre un mur.

       Soudain, Véro me rejoint, s’adosse contre le mur voisin et me regarde. Je ne me souviens plus pourquoi ni comment, mais toute la nuit elle va m’écouter et me regarder, sans intervenir, sombrer dans mes souvenirs. 
       Je lui raconte tout, depuis l’âge de mes cinq ans jusqu’à ma libération en 1991. Les cachots, la roulette russe, mes fantômes et mon désir de vengeance. Je n’ose pas lui parler de « l’école du cul défoncé » et encore moins de ce que j’ai découvert avec Pierrot. Comment pourrait-elle le croire ?  Sans retenue, je redeviens un gosse qui supplie de rentrer chez lui, là où le mal ne se cache pas, là où l’on autorise la mort des pédophiles. Parfois, je croise son regard. Il est rempli d’émotions, retenues par l’inimaginable. Elle est figée sur place. Sa maison devient le confessionnal de mon parcours ; je sais qu’elle ne va pas me juger, bien au contraire !  Comment fait-elle pour m’écouter jusqu’au bout ?  Je ne le saurais jamais.

       C’est peut-être cela son secret : savoir écouter.

       L’impression de partager toutes ces choses qui me pourrissent de l’intérieur me soulage. Et, bien que la nuit n’ait connu qu’un quasi-monologue, à deux nous avons exorcisé, ou plutôt soigné des plaies qui, dorénavant, pourront commencer à cicatriser.

       A sa façon de me dire au revoir cette nuit-là, j’ai su que pour elle aussi les choses ne seraient plus jamais les mêmes.

       Je t’aime très fort, petite sœur. 

Patrick Henderickx, Parole donnée, éd. Presse de la Renaissance, Paris, 2004, pages 251-252.

Véronique B

 

  

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DIX PAS VERS LA PAIX
Dix choses que je peux faire pour contribuer à la paix intérieure, interpersonnelle et sociale.



1. Je prends le temps chaque jour de sentir calmement la façon dont je voudrais me relier à moi-même et aux autres.

2. Je me rappelle que tous les êtres humains ont les mêmes besoins.

3. Je vérifie mon intention afin de voir si je suis aussi intéressé/e par le fait que les autres voient leurs besoins autant nourris que les miens.

4. Quand je demande à quelqu'un de faire quelque chose, je vérifie d'abord si je suis en train de faire une demande ou une exigence.

5. Au lieu de dire ce que Je NE VEUX PAS qu’une personne fasse, je lui dis plutôt CE QUE JE VOUDRAIS qu’elle fasse et lui demande comment elle se sent à l’idée de faire cela.

6. Au lieu de dire ce que je voudrais qu'une personne SOIT, je dis plutôt quelle action je souhaite qu’elle FASSE en lien avec mes besoins.

7. Avant d'approuver ou de critiquer l'opinion de qui que ce soit, j’essaie de percevoir ce que la personne ressent, et ce dont elle a besoin.

8. Au lieu de dire "Non", j’exprime plutôt quels sont les besoins qui m'empêchent de dire "Oui".

9. Si je me sens contrarié/e, je ressens quels sont les besoins en moi qui ne sont pas nourris, et je cherche ce que je pourrais faire pour les nourrir, plutôt que de continuer à ruminer sur ce qui ne tourne pas rond chez les autres ou chez moi.

10. Au lieu de faire l'éloge de quelqu'un qui a fait quelque chose que j’aime, j’exprime plutôt ma gratitude en lui révélant lesquels de mes besoins sont nourris par son action.

2001, revu en 2004 par Gary Barant (CNVC)
et adapté en français en 2009 et 2013 par Jean-François Lecocq
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JE CHOISIS

A partir de maintenant,
je choisisde rêver mes propres rêves,
afin de pouvoir savourer pleinement la dimension profonde d’être humain.

A partir de maintenant,
je choisis de me relier aux autres de manière empathique, 
afin de respecter pleinement l’expérience unique et sacrée
que l’on peut rencontrer chez chaque personne à chaque instant.

A partir de maintenant,
je choisis de laisser mes actions découler de la communion avec la nature,
et de porter mon attention dans la direction qui soutient ce courant.

A partir de maintenant,
je choisis de prendre conscience des pensées déshumanisantes
qui m’ont été inculquées par ma culture
et de les empêcher de me pousser à agir de manière violente comme un robot.

A partir de maintenant,
je choisis de révéler ouvertement ce qui est vivant en moi,
quand bien même les autres pourraient ne pas apprécier mon cadeau.

A partir de maintenant,
quand je revêts un titre qui me confère une autorité,
je choisis d’être conscient que le fait d’atteindre un lieu avant les autres
ne justifie jamais le recours à des méthodes punitives pour les amener à me
rejoindre.

A partir de maintenant,
je choisis de croire que la non satisfaction de mes besoins
résulte d’un manque de dialogue et de créativité
plus que d’un manque de ressources.

1970, Marshall Rosenberg

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J'AI LA CONVICTION

 

J'ai la conviction profonde

qu'il viendra un temps où,

écouter sa conscience,

sera pour l'homme un mode de vie évident et le signe

qui le distingue positivement de l'animal. 

Un temps où les enfants

auront bien du mal à comprendre

comment tant d'hommes

ont pu tant gaspiller

pour se détruire dans tant de violence,

comment tant d'hommes

ont pu étouffer ainsi leur conscience

et suivre aveuglément les ordres

de massacrer leurs semblables…

au nom d'un soi-disant bien.

 

Jean-François Lecocq
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LETTRE OUVERTE A UN GARCON DE 8 ANS

 

Depuis que tu as été renvoyé de ton école pour avoir donné une gifle à ton instituteur, tu es sans doute bien remué, cela te fait très mal et les choses se bousculent en toi. 

Mais que s’est-il donc passé pour que tu en sois arrivé là ? 

Ce jour-là tu étais en classe et tu avais plaisir à regarder à la fenêtre des élèves d’autres classes qui préparaient une fête.  Cela t’intéressait beaucoup n’est-ce pas, tu étais curieux de savoir… juste au moment où ton instituteur voulait t’apprendre un autre savoir, un savoir prévu dans un programme qui est appelé « officiel » et qui est pensé bien loin d’ici et depuis bien longtemps par des experts qui ne te connaissent pas et que tu ne connais pas.  Ils ne pouvaient pas savoir eux que toi, juste là maintenant, tu allais être plus motivé, plus curieux de savoir ce qui se passait dehors que dedans.  Tu n’as pas pu leur dire et eux n’ont pas pu te le demander.  Il n’y avait pas de communication entre vous tout simplement parce que vous n’aviez pas accès l’un à l’autre.

Puis ton instituteur, qui donc voulait t’apprendre ce savoir officiel, t’a demandé de te rassoir à ta place.  Tu l’as entendu, au moins en partie, puisque tu t’es assis à ta place.  Et assis là, tu as continué à regarder les élèves qui préparaient la fête car à ce moment-là tu étais toujours curieux de savoir ce qui se passait dehors, c’est ça qui était toujours vivant en toi.  Toi, tu n’étais pas encore vraiment intéressé par le savoir du programme officiel à ce moment là.  Ici, nous pouvons dire qu’il y a eu un début de communication : ton instituteur t’a fait une demande et toi tu y as répondu… mais en partie seulement. 

En fait ton instituteur ne t’a révélé qu’une partie de ce qui constitue une communication.  Il ne t’a rien communiqué de ce qui concerne ce qui est le plus vivant en lui, c’est-à-dire ses sentiments et ses besoins – et en l’occurrence ici il faudrait parler aussi de ses limites.  Et toi tu n’as pas perçu à quel point il était irrité, fâché et peut-être même probablement en colère.  Tu n’as pas plus perçu son besoin d’être bien écouté par toi pour qu’il puisse te transmettre le savoir officiel à ce moment-là.  C’est normal, tu n’as pas encore appris les étapes de la communication, c’est élémentaire, mais ce n’est pas encore au programme de ton école. 

Si tu l’avais appris, comme cela commence à se faire discrètement dans certaines écoles, tu aurais su qu’une personne en colère a perdu le contact avec ses besoins, ce qui constitue un grand danger pour les personnes autour d’elle car ainsi, cette personne risque de dire ou faire des choses très blessantes, des choses très violentes, alors même qu’elle vit une immense impuissance.  Ton instituteur est alors « passé à l’acte » et t’a empoigné pour t’exclure de la classe, te jeter dehors, alors qu’une minute avant, il te voulait dedans !  Ce qui montre bien en effet, qu’à cet instant, il a perdu contact avec son besoin : être bien écouté par toi pour qu’il puisse te transmettre son savoir. 

A cet instant précis, par son exemple, il t’apprend autre chose, il t’apprend la loi du plus fort, la loi de la force.  Dans son impuissance et sans te le partager, il change brusquement d’objectif, et te donne, peut-être malgré lui et probablement même à son insu, une leçon, une autre leçon que celle qu’il avait prévu de te donner et qui n’est pas non plus au programme officiel…  Et toi là, tu apprends cette leçon, tu l’appliques immédiatement comme tu peux et tu utilises toi aussi toute la force de tes huit ans… pour t’accrocher à un angle de mur afin de rester en classe car cela reste bien ton objectif à présent.  Mais voilà, c’est lui le plus fort, il te l’apprend par l’usage de sa force à lui qui est supérieure à la tienne, il t’en fait la démonstration en t’arrachant de l’angle auquel tu tentais de t’agripper !  A ce moment, toi tu apprends encore une fois sa leçon… comme tu peux car cette fois, toi aussi tu es en colère, toi aussi tu as perdu le contact avec ton besoin de rester en classe, pour toi aussi ta limite est dépassée et, dans ton impuissance, tu le gifles…  Tu es « passé à l’acte » toi aussi !

Vous êtes ainsi, lui et toi, passés tous les deux, en quelques secondes, de la loi des hommes à ce qu’on appelle « la loi de la jungle ».  Cela s’est passé très vite, beaucoup trop vite pour lui, beaucoup trop vite pour toi.  Ni l’un, ni l’autre, n’avez été « maîtres » dans cette situation, c’est plutôt la situation qui a été votre maître.  Comme on le dit si bien : « On est enceint d’une colère », c’est-à-dire qu’à ce moment, ce n’est plus nous qui sommes maîtres de notre vie, mais c’est la colère qui nous mène… par le bout du nez !

Vois-tu cela dure depuis des siècles et des siècles et cela provoque encore toujours d’immenses souffrances.  Pourtant, progressivement les temps changent, la conscience augmente chez beaucoup d’hommes et de femmes de notre époque et, là où la conscience progresse, la violence régresse.  Et toi tu vis là une situation certes dramatique, mais de laquelle tu peux apprendre, une situation où, à ton niveau, tu peux participer à ce grand mouvement d’humanisation du monde.  Pour cela, tu as à prendre une décision, une décision importante parce que porteuse de conséquences lointaines sur ta vie et sur celle de bien d’autres car, quand on vit une telle humiliation à ton âge, cela nous marque si fort que nous prenons, le plus souvent inconsciemment, une décision radicale qui nous marque « pour le restant de nos jours ».  

Soit, nourri par la blessure ouverte et la révolte qui gronde en toi, tu choisis de ne voir dans ce monde que la « loi de la jungle », la loi du plus fort, la loi de la violence et tu décides qu’un jour ce sera toi le plus fort et toi aussi à ton tour tu écraseras les autres… un jour !  C’est le choix dans lequel ton « maître » est probablement lui-même toujours enfermé inconsciemment aujourd’hui, comme tant d’autres aussi qui restent encore bloqués par des choix faits dans des moments dramatiquement vécus dans l’enfance, souvent refoulés ou mêmes occultés tant nous les avons mal vécus et en avons été perturbés intérieurement.  Mais ce n’est pas utile de leurs jeter la pierre, on ne connaît pas leur vie et ils peuvent toujours décider un jour de travailler leur passé, pour s’en libérer, évoluer et refaire d’autres choix plus au service de la vie.  A chacun son chemin.

Soit, à cause même de la douleur que tu ressens, tu choisis, toi, de ne jamais, jamais la faire connaître aux autres, car c’est assez, c’est trop, non, jamais plus, et tu refuses de participer toi-même à ce monde de violence car tu sens au fond de toi qu’il doit bien y avoir une alternative à cette violence, tu sais, tu as conscience qu’un autre monde existe aussi, qu’on peut y participer et aider à le faire croître, un monde où la paix est possible en gérant autrement les conflits par une autre façon de communiquer avec les autres et aussi avec soi-même, une communication nonviolente dans laquelle tous les besoins peuvent être entendus et respectés… et tu décides au fond de toi de toujours refuser l’injustice et d’humilier quiconque, surtout pas un enfant, et de toujours chercher à apprendre – même si ce n’est pas encore au programme de ton école – à communiquer autrement, d’une façon qui soit plus au service de la vie.  En faisant un tel choix, tu devras parfois aller à contre-courant des idées toutes faites sur les choses et sur les gens, tu auras besoin de courage, de patience, de bienveillance, de détermination et d’attachement radical à la vérité, mais tu te sentiras profondément soulagé et libre de ce lourd passé qui contamine encore si souvent les hommes et les femmes d’aujourd’hui.  Tu participeras, là où la vie te mènera, à la fois seul, mais aussi avec tant d’autres partout dans le monde, à l’émergence d’un nouveau monde, d’un monde plus humain.  Ce monde peut commencer pour toi aujourd’hui au fond de ton cœur, sans même que personne ne le sache autour de toi… sauf toi.

A toi de choisir.

10 juin 2010
Jean-François Lecocq
Formateur en communication nonviolente 
Copyleft
 

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ENTENDRE ou ECOUTER ?
That’s the question

  

-  As-tu entendu ? 
-  Ben oui j’ai entendu, je ne suis pas sourd, tu sais ! 
-  Oui mais, est-ce que tu as compris ?
-  Ben oui j’ai compris, tu me prends pour un/e imbécile ou quoi ! 

 Il y a comme qui dirait, un petit mal-entendu dans l’air.  Pourtant a priori, aucune de ces deux personnes n’est mal-entendante.  Toutes les deux ont de bonnes oreilles.  Mais alors qu’est-ce qui se passe, où est le problème ? 

 En fait, pour ce qui est d’entendre, un enregistreur fait cela très bien.  Mieux que personne, il est capable de redire exactement mot pour mot tout ce qu’il entend avec en prime, l’intonation utilisée.  Mais on ne peut guère se sentir écouté par lui, cela dépasse son entendement ! 

 Une personne dotée d’une très bonne mémoire auditive peut entendre et répéter nos mots avec une précision étonnante quelques fois.  Pourtant ce n’est pas encore, loin s’en faut, signe qu’elle nous écoute !  Au contraire, cette capacité à la fois de prendre et rendre la forme de nos propos, peut provoquer chez nous l’inverse même d’un sensation d’écoute, nous n’avons pas besoin d’un perroquet.  Et si, après avoir reformulé avec précision nos propos, elle poursuit en nous assénant ses jugements, ses interprétations ou ses reproches, nous ne nous sentons plus de tout écouté, mais plutôt piégé, manipulé ou même blessé.  Nous regrettons alors de lui avoir confié ce que nous avions sur le cœur, mais il est trop tard ! 

 A l’inverse, il peut arriver que nous nous confions à une personne qui n’a guère de mémoire auditive, ni même de formation dans le domaine de la communication, et pourtant, nous sentons directement que cette personne nous écoute profondément, qu’elle a un espace en elle pour accueillir et percevoir vraiment ce que nous tentons de dire et nous ressentons alors une réelle qualité de connexion. 

 Le problème n’est donc pas à chercher dans les oreilles - merci docteur, les oreilles vont bien - mais il se situe plutôt quelque part ENTRE les oreilles.  Aussi avons-nous besoin de savoir ce qu’une personne a réellement entre les oreilles avant de nous confier à elle.  S’il ne s’y trouve qu’un mental qui nous renvoie ses analyses, ses interprétations, ses jugements, cela ne nous aide pas, car cela nous savons très bien le faire nous-même.  Dans le meilleur des cas, nous serons entendu… partiellement.  Car de toutes façons, un enregistreur fera toujours cela encore mieux. 

 Le mental, lorsqu’il est seul à traiter l’information, empêche la personne de ressentir, c’est-à-dire d’écouter profondément à l’intérieur d’elle.  Cela demande de créer une ouverture, un nouvel espace car, pour ressentir, toute parole doit passer par le cœur.  Entre les oreilles, 12 centimètres suffisent pour caser un mental, mais pour accéder au cœur il faut savoir descendre de 40 centimètres.  Toute la différence est là.

 A l’école, nous avons passé beaucoup de temps et beaucoup bossé à développer notre mental, c’est-à-dire à remplir laborieusement les 12 centimètres entre les oreilles avec des tas de notions plus ou moins utiles sur lesquelles nous avons été maintes et maintes fois évalués et qui, en principe, nous permettent d’analyser et de juger bien des choses.  Quant à ressentir les choses, cela demande un tout autre travail, un travail de conscience et de sensibilité permettant de descendre plus profondément en nous pour pouvoir accéder à notre cœur. 

 En Communication Nonviolente, cela se fait par l’attention bienveillante à soi et le dialogue intérieur.  Et plus nous arrivons à développer cette écoute bienveillante avec nous-même, plus il nous est possible de nous connecter avec bienveillance avec les autres, c’est-à-dire pas seulement de pouvoir les entendre, mais de les écouter réellement. 

 Entendre, c’est comprendre le sens commun du mot.  En principe ça, un mental peut le faire, même s’il a parfois besoin de consulter un bon dictionnaire !  Ecouter, c’est, au-delà du sens commun du mot, ressentir ce qu’il représente, signifie, veut dire pour la personne qui l’utilise.  Autrement dit, ce qui émerge au-delà du sens, les soufis disent « ce qui transparaît derrière ce qui apparaît ». Petit à petit, notre regard change et, avec le poète, nous commençons à percevoir qu’ « Il y a des mots qui pleurent et des larmes qui parlent ». 

 Bien sûr, pour écouter, il faut d’abord savoir entendre. « Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » dit-on.  Cependant, même si nous ne sommes pas mal-entendants, quelques fois ce n’est pas que nous ne voulons pas, mais que nous ne pouvons pas.  Notre passé en effet peut perturber notre capacité à entendre alors même que nos oreilles fonctionnent correctement.  Comme la compagne(1) de ma vie le dit si bien : « Nos yeux et nos oreilles ne voient et n’entendent jamais que ce que nous pouvons supporter de voir et d’entendre, le reste nous le disqualifions, le nions, le refoulons ou l’occultons ». 

 D’autres fois, c’est notre mental, plus précisément cette partie que l’on appelle l’ego, qui fait obstacle à cette descente en soi indispensable pour l’écoute.  Nos pensées, nos interprétations, nos croyances font alors barrage et empêchent l’accès à cet espace intérieur.  Avec nos connaissances, nos diplômes, nos certificats, nos coffres à outils de communication, nous développons alors une sorte d’ « empathie mentale ».  Certes, cela peut séduire et faire illusion un temps, mais ce n’est que du bling-bling derrière lequel se cache la peur de se laisser « toucher ». 

 Ecouter, c’est se laisser « toucher » par TOUT ce qui vit en nous, par TOUT ce qui vit en l’autre, le plaisir comme la peine, la confiance comme l’angoisse, la joie comme la souffrance…  Oui TOUT ce que nous sommes capable de percevoir quand nous ouvrons notre cœur, cet espace intérieur sans analyse, sans jugement, sans reproche.  Et ce n’est qu’au fur et à mesure que nous accédons à cet espace en nous-même que nous libérons de l’espace pour les autres.  Le plus dur ici est bien d’arrêter, de stopper avec bienveillance et fermeté le bavardage de notre mental et les réactions de notre ego.  Il nous est impossible d’écouter en profondeur, si nous laissons continuellement le « bavard » de la surface prendre toute la place. 

 En conclusion, prenons conscience que, si nous restons à la surface, nous ne pouvons qu’entendre ce que le « bavard » veut bien nous laisser entendre.  Mais que si nous voulons écouter, il nous faut descendre de 40 centimètres !  La différence ne semble pas bien grande et pourtant, « c’est un grand pas pour l’humanité ».

Jean-François Lecocq
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(1) Nicole Lecocq-François : "Une vérité qui libère", éd. Quintessence, Aubagne, 2009.

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LE GRAND TRI

 

Marshall Rosenberg présente la Communication Nonviolente comme étant un "chemin de conscience".  Certes, cela se vit effectivement par tout qui se forme en Communication Nonviolente et l'applique dans sa vie quotidienne.  Pour beaucoup, il s'agit là d'une véritable révélation.  Il reste que si nous n'y prenons garde, la découverte du rôle fondamental des besoins comme moteur de la vie en nous, aboutit à des impasses s'il n'est accompagné par une conscience plus profonde du "nous" et de ses différentes dimensions.  Ce qui est beaucoup moins évident.

Il y a à cela deux raisons.  Une première est le fait qu'un travail thérapeutique peut être nécessaire pour arriver à une (re)connaissance, voire à la simple perception de certains de nos besoins.  Comme le dit Alice Miller[1] : « Les nombreux ouvrages d'initiation à une communication sans violence, y compris les précieux et judicieux conseils de Thomas Gordon et Marshall Rosenberg, sont certainement profitables pour des personnes qui, enfants, avaient le droit de montrer leurs sentiments, sans courir pour cela aucun danger, et vivaient auprès d'adultes pouvant leur servir de modèle du Savoir-être-soi-même.  Mais des enfants grièvement blessés dans leur identité ne sauront pas, plus tard, ce qu'ils ressentent et ce dont ils ont véritablement besoin.  Il leur faudra passer par une thérapie pour l'apprendre et le vivre, et ensuite s'assurer, en multipliant les nouvelles expériences, qu'ils ne se trompent pas. »  Plus largement encore, Guy Corneau[2] affirme que « Les besoins reposent sur les blessures du passé. »  Et qui d'entre nous n'a pas un ego blessé quelque part ?

Une deuxième raison est tout simplement qu'un ego guéri est toujours un ego !  Et si à notre époque, nous nous éloignons toujours plus de la société des égaux ("Liberté, Egalité, Fraternité", "Un homme, une voix", etc...), chère aux réformateurs du passé, nous baignons par contre dans celle des ego, qu'ils soient personnels ou collectifs, ces derniers atteignant même des dimensions multinationales.  Il nous faut tenir compte qu'aujourd'hui, si les besoins sont ressentis comme universels et au service de la vie, c'est le plus souvent de la vie de l'ego qu'il s'agit !  Comme le remarque Shafique Keshavjee[3] : « Le propre des faux dieux, est d'offrir sans trop d'efforts des biens qui assouvissent passagèrement les besoins les plus faciles à éveiller en l'homme. » 

Comment dépasser nos faux dieux et utiliser la Communication Nonviolente pour nous libérer de ce véritable esclavage, quand la prise de conscience de nos besoins devient un facteur qui enfle encore plus notre ego ?  Notre intelligence est alors comme plombée par nos besoins.  Si on ne sait pas qui on est, alors on est ravi qu’un quelconque système Panem et circenses ("Du pain et des jeux" de la Rome antique) « nous » prenne en charge, « nous » et « nos  besoins ».

Ce travail est difficile, plein d'embûches, nécessite une vigilance, un discernement et une détermination particulière, mais nous pensons qu'il est possible et bon pour nous-mêmes et pour notre planète.  Il nous invite à un véritable saut de conscience, une nouvelle vision du monde - à commencer par notre monde intérieur.  Il nous faut traquer ce qui se passe derrière l'évidence apparente de nos besoins en poussant la réflexion toujours plus loin pour percevoir à quelle partie de nous-mêmes, nos besoins répondent ?  Quel est la nature profonde de mes besoins ?  S'agit-il des besoins du ventre ou de ceux du cœur, des besoins de la tête ou ceux de l'âme ou de l'esprit ?  Quand je ressens tel besoin, à quelle partie de moi est-ce que je m'identifie ?  Qui parle quand je parle ?  Qui écoute quand j'écoute ?  Finalement : « Qui suis-je ? » à moins que ce ne soit « Qui fuis-je ? » car, comme le disait Rimbaud : « Je est un autre ».  On en revient toujours à la maxime de la Grèce antique : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux ». 

Mais grâce à ce travail de prise de conscience de notre nature profonde, nous pouvons enfin orienter nos choix de vie, non pas – ou non plus - en fonction de nos désirs superficiels, mais en fonction de nos aspirations profondes.  Avec joie, nous faisons alors « le grand tri » dans les activités, les choses, les lectures, les pensées, les personnes… qui nous « occupaient » jusque là.  Nous libérant ainsi des conditionnements extérieurs qui nous ont formatés, nous empruntons alors, en toute simplicité, le chemin de l’Etre qui suit Son chemin.

Soyons bien conscients que personne d’autre que nous-mêmes ne peut nous en faire dévier.  Et, si nous en dévions parfois encore, personne d’autre que nous-mêmes ne peut nous y ramener.  Telle est la vérité, telle est notre liberté. 

Jean-François Lecocq
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[1] Ta vie sauvée enfin, éd. Flammarion, 2008, page 104.

[2] Victimes des autres, bourreau de soi-même, éd. de l'Homme, 2003, page 96.

[3] Le roi, le sage et le bouffon, éd. du Seuil, 1998, p. 152.

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DONNER DE L’EMPATHIE… ou ETRE EN EMPATHIE ?
It’s different

  

Vous est-il déjà arrivé de répondre favorablement à une personne qui vous proposait de vous « donner » de l’empathie ? Pour moi, si c’est là une des expériences pénibles de ma vie, je suis cependant plein de gratitude pour cette personne car, grâce à elle, j’ai vécu dans mes tripes ce que pouvait signifier un tel « don ». Rien n’arrive par hasard et, si la vie veut nous apprendre ce qu’est l’empathie – que ce soit avec ou sans l’aide de la Communication Nonviolente – alors elle va nous en offrir l’occasion, pour autant que nous soyons ouvert, attentif à ce qu’elle a à nous apprendre à son sujet.

On ne peut donner que ce qu’on a. Nous sommes effectivement bien ici dans le domaine de « l’avoir », c’est-à-dire du quantitatif : par exemple, dans un 1er temps, application d’un modèle de communication par étapes, utilisé systématiquement avec la précision mécanique d’un protocole à appliquer dans un temps donné, temps raboté d’un 2e temps d’expression de projections et de conseils éducatifs, voire thérapeutiques, non sollicités mais « amicaux », prescrits pour notre bien et destinés à corriger notre comportement jugé « inadapté » voir même « inacceptable ». L’empathie est avant tout ici une question de technique utilisée avec brio dans un 1er temps pour nous empather, jusqu’au moment où nous sommes jugés mûrs pour recevoir la vision et le projet de l’autre sur nous. L’empathie est alors instrumentalisée à l’objectif de l’écoutant, nous avons à faire ici à une empathie que nous pouvons qualifier de « stratégique ».

Comment diable ai-je pu me fourrer dans une telle situation, me direz-vous. Oui, je sais, je suis assez naïf quelques fois, mais c’est aussi comme cela que j’apprends beaucoup de choses sur mon chemin vers l’amour inconditionnel. Rien de tel que de vivre soi-même une chose – même si cela nous est quelques fois pénible – pour apprendre de cette chose une profonde leçon.

Et vous, vous est-il déjà arrivé de vous sentir vraiment écouté par une personne ? Pour moi, c’est là une des expériences humaines parmi les plus nourrissantes et je suis là aussi plein de gratitude pour une telle personne car, malgré la simplicité de son écoute, elle m’aide à rester en contact avec le divin dans la mesure où cela me fait vivre une expérience d’unité. La qualité vibratoire de l’énergie est ici beaucoup plus élevée.

Etre en empathie, c’est d’abord écouter l’autre et donc, tout simplement… le laisser parler ! Ce qu’il vit ne nous appartient pas et nous n’avons pas à interpréter ce qu’il vit, encore moins à tenter de le convaincre de quoi que ce soit. Ce n’est d’ailleurs pas une question de mots, juste une qualité de conscience présente dans l’instant. Pour cela, nous avons besoin de laisser de côté les oreilles de notre mental – notre savoir et nos pensées – pour utiliser les oreilles de notre cœur, de laisser descendre les mots dans notre cœur et… de nous laisser toucher ! Si nous ne nous laissons pas toucher, nous ne sommes pas en empathie.

C’est seulement ainsi que nous pouvons percevoir les niveaux profonds de ce que l’autre tente, plus ou moins consciemment, de nous partager dans l’instant. Oui, dans l’instant, car nous ne savons pas penser et écouter en même temps. Il y a un choix à faire. Etre en empathie est le choix radical d’accepter l’autre pour ce qu’il est dans l’instant et c’est ainsi qu’il peut s’accepter lui-même. C’est le pouvoir de l’instant ou, plus précisément, le pouvoir de la conscience dans l’instant.

Certes, la Communication Nonviolente est un cadre particulièrement stimulant d’apprentissage de l’empathie. Cependant restons vigilant autant que modeste, car, quand nous parlons de conscience, nous touchons à nos limites personnelles. Etre là, c’est être là présent avec nos limites. Soyons bien conscient que nous ne pouvons accepter l’autre que dans la mesure où nous nous acceptons nous-même. Pour libérer de l’espace pour l’autre, il nous faut avoir libéré petit à petit de l’espace en nous.

Cela demande du temps et pas mal de courage. Fini d’accuser les autres ! Fini de vouloir les changer ! Nous voici renvoyé à l’auto-empathie, car notre capacité d’écoute de l’autre, des autres, de tous les autres, est limitée par notre capacité d’écoute de nous-même. C’est in-con-tour-na-ble, on y revient toujours : « Connais-toi toi-même… ».

Donc, si être en empathie est un des plus beaux cadeaux que nous puissions offrir aux autres… être en auto-empathie, est un des plus beaux cadeaux que nous puissions nous offrir à nous-même. Avec nous-même comme avec les autres, soyons vrai, car comme dit Brel dans sa chanson du Grand Jacques :

« C’est trop facile… de faire semblant ! »

Jean-François Lecocq
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